Aller au contenu
Accueil > BLOGadigme > Management > La QVT à l’honneur

La QVT à l’honneur

Cette semaine marque la Qualité de Vie au Travail (QVT). Partout en France, les entreprises activent leur budget pour colorer l’ambiance des bureaux et – on l’espère – renforcer la cohésion des équipes, à défaut de voir s’afficher quelques sourires : corbeilles de fruits sur les bureaux, ateliers smoothies ou poke bowls… et même dégustation d’insectes !  Rigolades, selfies, stories et railleries assurées…

Mais que reste-t-il une fois la machine à smoothies rangée au placard ?

Oh non, détrompez-vous, je ne suis pas contre. Au contraire, j’adore ça !
Mais ces animations sont-elles de simples journées mondiales du fun en entreprise, ou peuvent-elles initier une véritable réflexion sur la qualité de vie au travail ?
Car soyons honnêtes : une animation glacée n’a jamais permis à un salarié d’oser dire non, de partir à l’heure sans passer pour un tire-au-flanc, ou à un dirigeant d’imposer des objectifs ou des formations à ses équipes. Oui, oui, l’employeur a aussi des droits – aïe, ça pique !

Si on regarde de plus près, l’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail (ANACT) donne une définition claire :
« La QVT regroupe les actions permettant de concilier l’amélioration des conditions de travail pour les salariés et la performance globale de l’entreprise. »
Cette définition repose sur une logique de réciprocité en articulant bien-être des salariés et performance économique :
– Le salarié y gagne en conditions physiques, mentales et sociales au travail.
– L’entreprise y gagne en engagement, créativité, productivité et réduction de l’absentéisme.
La QVT n’est donc ni un luxe ni une faveur : c’est un levier stratégique, une logique utilitariste.
Le bien-être est ici un moyen au service de la performance, non une finalité en soi. C’est un modèle gagnant-gagnant, à condition de jouer cartes sur table.

Une réalité parfois déconnectée – La QVT gadget

Au cours de mes expériences professionnelles, j’ai pu constater un grand nombre d’incohérences.
Des PME qui financent des afterworks à tour de bras, fières de pouvoir montrer, dire… « Ici, c’est génial, l’équipe est soudée ! ».
D’autres qui affirment, le poing levé : « La QVT, c’est du n’importe quoi. Ici, les locaux sont beaux, on a une machine à café, des places de parking, n’est-ce pas Stéph, on n’est pas bien ici ?! » – Gare à ce que vous allez répondre…–
Le point commun de ces entreprises est souvent le même : une communication absente ou une certaine rigidité quant à l’application du code ou du contrat de travail.
Résultat : les salariés communiquent avec la peur au ventre.

Quand la « Silicon Valley » inspire ou inquiète – La QVT façade

Certains modèles, comme ceux des grandes entreprises tech, proposent des environnements de travail ultra-attractifs : cafétéria gratuite et ouverte 24h/24, conciergerie, pressing, salle de sieste, de repos, de jeux, de yoga, de massage… La QVT y est au sommet : un monde de travail idéal !
Mais derrière se cache aussi une autre réalité : celle d’une rétention douce, où le travail s’immisce dans la sphère privée. Loin de chez soi, toujours « bien », mais jamais vraiment libre.
Des modèles de QVT parfois illusoires, habillés de bienveillance. Car ici, la surproductivité est de rigueur. « L’échange n’est-il pas honnête après tout ?! »

Quand le vrai confort devient la clarté – La QVT performative

Dans d’autres structures, l’ambiance n’est pas « fun » : Exit les soirées pizzas, bonjour la bouilloire pleine de calcaire et l’exigence d’un cadre de travail productif – vraiment pas séduisant !
Mais la rigueur est aussi au service de directives claires, sans ambiguïtés, de l’équilibre social, du respect des droits : payé rubis sur l’ongle à échéance, on vous demande de poser vos vacances, vous n’êtes pas remplacée à votre retour de congé maternité et, en prime, on respecte votre vie perso.

La QVT, ce n’est pas du divertissement, c’est : du droit + du dialogue + de la décence organisationnelle.

En conclusion, la QVT a le rôle de rééquilibrer un rapport historiquement asymétrique, sans tomber dans le déséquilibre inverse. Elle ne peut être maquillée, ni être une douce camisole. Elle s’exprime pleinement dans :
– un dialogue social honnête,
– un cadre clair, des missions définies,
– la sécurité psychologique d’exprimer une difficulté sans crainte de représailles,
– la liberté de dire non dans un cadre respectueux et légal,
– une reconnaissance équitable, un management éthique,
– des conditions de travail saines.
La QVT suppose que chacun – employeur et salarié – respecte les règles du jeu.

Alors, est-ce que la QVT n’est qu’un concept à la mode ?

Non, c’est un engagement structurel. Elle demande d’interroger en profondeur l’organisation du travail, le sens des missions, la charge mentale, les marges de manœuvre et les valeurs portées collectivement.
En somme, la vraie qualité de vie au travail n’est pas une animation, elle se construit au quotidien, patiemment, sincèrement.
Et si, en plus, on peut boire des smoothies avec des collègues sympas sur un canapé durant la pause déjeuner, alors là… C’est la boîte idéale !

Aïe, aïe, aïe… ça va faire du bruit dans les couloirs !


Fan de thé et exploratrice du monde du travail, je partage mes réflexions et expériences sur les les enjeux économiques, managériaux et organisationnels.
Mon objectif : semer quelques graines pour faire évoluer nos pratiques.

Ecole de commerce, entreprises, porteurs de projet : intéressez par mon travail ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *