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Réforme Qualiopi 2025

Simplification ou restructuration déguisée ?

Réforme Qualiopi 2025 : 6 critères majeurs

Tout le monde le sait, obtenir Qualiopi est un parcours du combattant. Une fois obtenue, on a l’impression d’être diplômé… Si cette certification garantit la qualité de votre travail, elle impose aussi un processus administratif lourd et normé, et on ne va pas se mentir, un investissement allant de 1k€ à 5k€ (audits, accompagnements, outils nécessaires, …) et une ressource/compétence temps à ne pas négliger. 

Un rapide rappel du processus pour obtenir le précieux sésame Qualiopi ?

Préparation de l’audit, en suivant bien sûr, une procédure rigoureuse afin d’être en conformité avec 7 critères (et 32 indicateurs).
Audit initial par un organisme certificateur accrédité.
Après obtention, maintien d’une rigueur administrative, parfois plus intense qu’un contrôle fiscal.
Après 18 mois, audit de surveillance. Tout cela avec possible suspension si les exigences ne sont pas maintenues.

Une fois Qualiopi obtenue, votre organisme certifié peut :

proposer des formations financées par les OPCO1,
puis – parce que c’est une étape supplémentaire et non obligatoire – être éligible au CPF2. Via : une déclaration sur EDOF3 – certification enregistrée au RNCP4 ou au RS5

Nous sommes tous d’accord, l’annonce de la réforme Qualiopi 2025, annonçant un allégement de la procédure au profit de la qualité est alléchante. Mais voyons de plus près !


Qualiopi, c’est une certification officielle qui s’adresse à tous les organismes de formation, formateurs indépendants compris. Elle atteste que l’organisme respecte un référentiel national qualité très précis, et est obligatoire si l’on veut que les clients financent la formation via : les OPCO, le CPF, ou d’autres fonds publics6.

Bref, on va droit au but, sans Qualiopi, pas de financement public. Et elle ne juge pas la qualité pédagogique en elle-même, mais la qualité des processus internes (organisation, suivi, évaluation, amélioration continue…).

Donc en vrai, tant que vous êtes un bon administrateur ….


Présenté en Conseil des ministres le 28 avril 2025, le projet de loi relatif à l’ « adaptation de notre appareil de formation aux besoins de l’économie », doit être examiné au Sénat pour fin 2025. Les mesures concrètes de la réforme seront précisées ultérieurement, à travers des textes réglementaires attendus pour début 2026, une fois la loi définitivement adoptée.

Le nouveau projet de loi sur la qualité de la formation professionnelle introduit plusieurs axes de réforme :
Alléger le dispositif Qualiopi, accusé de freiner l’agilité des petites structures
Renforcer la qualité des actions de formation, notamment par un contrôle plus fort des résultats et des effets sur l’emploi.
Impliquer davantage les entreprises, avec une idée phare : mobiliser le CPF des salariés comme levier de cofinancement, en complément des OPCO.

Donc, sur le papier, on respire : Moins de paperasse, plus de confiance dans les organismes, un contrôle recentré sur l’impact réel des formations.

Cependant, le texte ne mentionne aucune information concernant le « comment ».  Aucune recette à l’horizon. C’est un peu comme si on me proposait un deal pour faire un « 38 » à vie, en me donnant les conditions après signature du contrat. Difficile de s’engager … pas vraiment envie de découvrir qu’il me sera interdit de toucher une frite ou une glace pour le restant de mes jours 

En lisant entre les lignes, on peut se demander si la réforme Qualiopi 2025, ne chercherait pas surtout à optimiser les budgets publics, en rendant les entreprises co-financeuses via le CPF des salariés ?

Oui, tu as bien lu : l’idée serait que les entreprises puissent demander à leurs salariés de mobiliser leur CPF pour financer des formations.
Alors déjà : Le CPF, c’est censé être un droit individuel, pas un budget que l’employeur gère à distance.
Et ensuite : est-ce qu’on ne risque pas, tout doucement, de faire peser sur le salarié ce que l’entreprise finançait hier via ses contributions obligatoires ?

Rappelons que le CPF repose sur des droits individuels acquis par le salarié. Cela pose une question de fond : le CPF peut-il encore être considéré comme un droit personnel et autonome si l’entreprise intervient dans son usage ?

Le texte de loi ne mentionne clairement aucun allègement administratif du système Qualiopi. Cependant, si demain, la majorité des financements passent par des cofinancements CPF + OPCO, est-ce qu’un formateur Qualiopi certifié uniquement OPCO, pourra encore faire financer ses formations ?

Réponse potentielle en l’état des choses : non pour les formations non-certifiantes.
Et donc retour à la case : RNCP, Répertoire Spécifique, dépôt de dossier France compétences, etc.
Spoiler : c’est long, technique, et pas toujours pertinent selon la nature de la formation.
Autrement dit : la simplification annoncée pourrait renforcer l’exclusion des formateurs non adossés à des titres certifiants, souvent représentés par les indépendants ou petites structures, qui forment pourtant une grande partie des professionnels en exercice.

Vous l’aurez compris, les contours de la mesure restent flous. Surtout pour les formateurs indépendants, dont la grande majorité travaillent sur des formations  non certifiantes, mais très utiles.

Derrière le discours de simplification, se dessine un paysage où :
Tandis que les formateurs professionnels indépendants, bien que certifiés Qualiopi, pourraient voir leur accès au financement se restreindre si leurs formations ne sont pas CPF-compatibles.
Les grands organismes de formation (capables de porter ou de s’adosser à des certifications RNCP) consolideront leur position,

Comme dit plus haut, le CPF a été conçu comme un droit individuel et autonome, indépendamment des employeurs. Si on creuse un peu, cette réforme pourrait avoir un impact majeur pour les salariés, car elle soulève des questions sur la perte de cette autonomie.

Imaginons : Sophie, 34 ans, 2 enfants, commerciale depuis 8 ans dans une entreprise de distribution. Son entreprise lui impose une formation de gestion des risques d’accidents du travail, cofinancée par son CPF et l’entreprise. Sophie souhaite activer son CPF pour financer une formation en management commercial.
Mauvaise surprise : elle n’a plus les fonds nécessaires. Un coup dur pour cette salariée compétente qui ne dispose pas des fonds propres nécessaires pour s’auto-financer.
Résultat : elle se retrouve privée de la possibilité d’obtenir un diplôme reconnu, pourtant essentiel pour accéder à de meilleures perspectives de carrière et de salaire.

Devra-t-elle contracter un crédit et assumer une nouvelle charge financière  ?  Pourtant, son CPF devrait justement fonctionner comme une forme d’épargne salariale… Non ?


  1. Simplification ou optimisation budgétaire ?
    Derrière la volonté affichée de « co-construire » les parcours de formation entre entreprises et salariés, une autre logique transparaît : l’optimisation des budgets publics. Les entreprises pourraient être incitées à demander à leurs salariés de mobiliser leur CPF pour financer des formations utiles… à l’entreprise.
  2. Allègement Qualiopi ?
    Aucune mesure concrète. La réforme annonce une simplification… sans détailler comment. Les organismes de formation risquent de rester sous la même pression administrative, sans visibilité sur les réels changements.
  1. Financements : un système à deux vitesses ?
    Les petites structures et formateurs indépendants pourraient être exclus si leurs formations ne sont pas certifiantes. Seuls les gros organismes, capables de porter des certifications, continueraient à tirer leur épingle du jeu.
  1. Formateurs indépendants : les grands oubliés ?
    Malgré leur certification Qualiopi, ces professionnels risquent d’être exclus des financements, sauf s’ils complexifient leurs démarches. Par exemple, en obtenant une certification RNCP, et en étant référencés sur EDOF pour être éligibles au CPF. Loin de la simplification annoncée.
  1. Salariés : un accès restreint à la formation choisie ?
    Un salarié pourrait voir son CPF mobilisé pour une formation imposée par l’entreprise, au détriment de ses propres projets professionnels. Cela crée un vrai risque d’injustice et de blocage dans l’évolution individuelle.
  1. Entreprises : boucs émissaires de la réforme ?
    Cette réforme oppose directement les intérêts des employeurs à ceux des salariés. En demandant aux entreprises d’inciter leurs salariés à mobiliser leur CPF, l’État ouvre la porte à des tensions internes. A l’origine de cette mesure, il délègue ainsi la gestion des conflits aux entreprises, au risque de nourrir de la méfiance dans les organisations.

Ce qui est présenté comme un allègement pourrait bien se traduire par un resserrement des conditions d’accès au financement. Il est urgent de réfléchir à une réforme qui reconnaît la diversité des formats, des besoins, des métiers, sans sacrifier pas certains acteurs économiques au nom de la rationalisation budgétaire.

Question 1 : Cette réforme vise-t-elle réellement à simplifier l’accès à la formation ou cherche-t-elle surtout à mieux contrôler la dépense publique, au risque d’exclure les formateurs indépendants et certaines compétences transversales ?

Question 2 : Le CPF peut-il encore être considéré comme un droit individuel et autonome si l’État pousse les entreprises à inciter leurs salariés à l’utiliser, au risque d’alimenter des tensions internes et de déléguer la gestion des conflits aux employeurs ?

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OPCO: Opérateurs de Compétences
CPF2 : Compte Personnel de Formation
EDOF3 : Espace des Organismes de Formation
RNCP4 : Répertoire National des Certifications Professionnelles
RS5 : Répertoire Spécifique
Fonds publics6 : Pôle Emploi, région


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Fan de thé et exploratrice du monde du travail, je partage mes réflexions et expériences sur les les enjeux économiques, managériaux et organisationnels.
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